Avant le confinement et la crise, les studios de yoga français ont connu une véritable explosion avec une augmentation de la fréquentation d’environ 15 à 20 % par an pour un total de 3 millions d’adeptes. Bien entendu, la France est encore bien loin des pays anglo-saxons et notamment des États-Unis avec 35 millions de pratiquants. Mais des studios ne cessaient d’ouvrir partout au point que l’offre était devenue trop importante. Beaucoup n’arrivaient plus à suivre le rythme imposé, notamment ceux avec un modèle économique classique ou un concept marketing non établi.
Pour survivre, de nombreux clubs de yoga ont dû diversifier leurs offres en proposant des conseils en nutrition, des retraites spirituelles des massages voire des ventes de vêtements et d’accessoires de yoga… Des contenus additionnels impossibles pour la plupart à délivrer avec la pandémie de Covid-19 et l’arrêt du fitness en France.
Le yoga pendant le confinement
Après l’annonce du confinement, le secteur du yoga en France s’est très vite adapté et est devenu encore plus populaire. Bien entendu, tous les professionnels n’ont pas adhéré mais force est de constater que le yoga en ligne a connu une net augmentation alors que ses pratiquants étaient jusqu’alors à la marge. Même les plus réservés ont fini par céder et proposer des cours en ligne sous peine de perdre la totalité de leurs revenus.
Au début, j’étais réticente, le yoga se fait en salle, avec un rapport direct entre le prof et l’élève et je me suis rendue compte rapidement que c’est plus vivant que ce que je pensais.”
Des cours se sont très vite mis en place sur Zoom ou YouTube. Les clubs qui utilisaient déjà une application numérique ont pu proposer des cours à leurs membres . Le problème est que certaines personnes dont des influenceurs Instagram, flairant une bonne opportunité, se sont proclamés professeur de yoga sans aucune qualification… Ce qui a entraîné des postures de yoga approximatives et déstructurées, une mauvaise respiration, soit tout ce qui est mauvais de faire durant un cours de yoga.
L’après confinement
Fort heureusement, les studios de yoga ont pu rouvrir à partir du 2 juin dans les zones vertes et les yogis débutants ou chevronnés sont retournés en salle. Le tout avec des mesures sanitaires strictes comme le marquage au sol. 2m de distance entre chaque membre et 4 m2 ou une baisse de 40 % en moyenne des capacités de remplissage.
Tous les membres ne souhaitant pas revenir en salle, les propriétaires ont dû faire preuve de créativité pour répondre aux attentes de chacun . En passant à un modèle hybride avec des cours en salle, d’autres en ligne voire des cours en extérieur. Les professionnels du yoga ont ainsi pu répondre aux attentes de leurs membres et reprendre du service.
Même si l’été est rarement une période faste pour les clubs, l’engouement autour du yoga pendant le confinement laissait percevoir un espoir pour les propriétaires de générer de nouveaux revenus. Las, À partir du 30 octobre, le Président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé un confinement national à partir de la nuit de jeudi à vendredi. Cela signifie la fermeture des studios de yoga dans toute la France.
L’objectif étant d’endiguer la propagation du COVID-19 dans le pays qui enregistre plus de 40 000 nouveaux cas par jour. Le Ministre de la Santé a justifié ce protocole en indiquant que; « Ce sont des espaces confinés où le port du masque est impossible voire a minima complexe et qui sont hélas, des lieux de contamination importante ».
Les conséquences de cette décision
Si le confinement devrait prendre fin à compter du 15 décembre, les établissements de yoga devrait rester fermé jusqu’au 20 janvier. Avant de penser aux nouvelles pertes économiques, les propriétaires de clubs de yoga parlent d’un lourd impact pour la santé du corps et de l’esprit. Dans une tribune publiée et relayée sur les réseaux sociaux. Ils s’attristaient à l’idée de ne plus pouvoir offrir d’espaces de respiration et de calme aux habitants des grandes villes sous tension. Le yoga est scientifiquement reconnu comme une activité augmentant les défenses immunitaires, régulant le système nerveux et diminuant le stress.
“Zen, mais en colère : avec zéro cluster déclaré depuis la réouverture, était-il logique de nous refermer, nous?”
Bien entendu il s’agit aussi d’une catastrophe économique pour les professionnels du yoga. Eux qui comptaient sur cette période pour gagner de nouveaux membres et augmenter leurs revenus . Le retour des vacances est le moment de l’année où les clubs de yoga enregistrent le plus grand nombre d’abonnement avec un pourcentage de 30% d’inscription. Une situation d’autant plus nécessaire cette année mais qui dans l’immédiat est retardée d’où la crainte des propriétaires pour leurs entreprises.
“Nous faire passer pour des lieux de contamination et de propagation est inacceptable”. dénonce Élodie Garamond, fondatrice des studios Tigre Yoga Club.
Démocratisation de l’offre en ligne
De nombreux professionnels ont recommencé à proposer des offres en ligne pour ne pas perdre le contact avec leurs membres. Ainsi afin de continuer à leur fournir du contenu pour qu’ils restent en forme à distance .
Lors des premières annonces contraignant les studios de yoga, on avait décidé de faire de la résistance (en vain). En effet, suite aux annonces du gouvernement. Une dizaine de studios de yoga de Bordeaux avaient pris la décision d’ouvrir leurs portes avec port du masque obligatoire durant toutes les séances. Ils repprochaient à l’État un manque de cohérence dans leurs actions puisque les studios de danse étaient encore ouverts.
« Notre activité respecte l’ensemble des conditions sanitaires. Faire du yoga avec un masque, c’est possible, en adaptant la pratique », Séverine Hermary, responsable du Satnam club
Enfin le hashtag #SaveMyYoga a été lancé pour sauver les studios de yoga. Ils visent à dénoncer cette décision injuste et basée sur des faits infondés puisque moins de 0,1% de cas de covid auraient été recensé par l’Union Sport et Cycle. Une riposte qui vient s’ajouter à celle des salles de sport .